Né après le fracas et les soubresauts du moyen-âge japonais à partir des techniques de combat d’un clan, les Takeda, l’aïkido est souvent présenté comme un art de la paix. Cette image peut sembler en antithèse avec le concept même de l’art « martial », c’est-à-dire de la pratique du dieu de la guerre, Mars. Sans doute cette ambiguïté vient-elle de l’usage d’un concept européen quand, en japonais, on parlera d’un budo : si le caractère do veut dire le chemin, la voie, le caractère bu, lui, se forme à partir de deux « clefs », celle de la lance et, au début celle de « l’homme qui marche » avant de devenir celle du verbe « arrêter ». Le budo, au début, c’est l’homme qui marche avec une lance avant de devenir ce qui arrête la violence. C’est à l’aune de cette dernière signification que doit se comprendre la notion d’efficacité qui rejoint l’antique philosophie du « connais-toi toi-même », de la place de l’humain dans la Cité et de l’égalité d’âme. Formidable outil de formation des pratiquants, l’aïkido propose, à travers la mise en œuvre de techniques et de concepts de combat, la conquête de savoir-être qui permettent d’apaiser la peur et d’améliorer les relations humaines au quotidien. La première efficacité de l’aïkido, ce n’est sans doute pas pour la plupart des pratiquants de terrasser un ou plusieurs adversaires mais, en nous « polissant » au contact d’un partenaire qui poursuit la même recherche que nous, de renforcer notre confiance en nous et d’embellir notre quotidien et celui de nos proches.
Date de parution au MAG de la commune de Canéjan : Janvier 2025