Aïkido : regarder et voir !
Aïkido : regarder et voir !

Aïkido : regarder et voir !

Au commencement de notre vie, il y a le regard. Enfin, presque au commencement. Par le regard, le bébé communique avec l’extérieur. Il prend connaissance des mimiques de sa maman, il
essaye de les imiter. De là naît l’amour, dans cette imitation naît son humanité. Au berceau, pour se retourner, il va regarder, puis tourner la tête et après le buste. Le geste, le corps, s’apprennent par le regard. Là commence le mouvement. En aïkido, il en est de même. Le pratiquant prend des informations sur ce que montre le professeur, il transforme ce qu’il voit en ce qu’il peut ressentir avec son corps : de l’extéroception (je perçois avec mes sens extérieurs), il passe à la proprioception (je perçois avec mes sens internes, l’équilibre, la tension des muscles…). Par mon regard, je modifie mon équilibre. Si je veux chuter, je regarde l’endroit où je vais placer mon corps, je regarde la voie… Ensuite, dans sa pratique, le regard permet de prendre en compte les attaques : le nombre des partenaires, les armes utilisées, la distance, la vitesse… Le fondateur de l’aïkido disait « faire avec un adversaire comme s’il y avait plusieurs adversaires, faire avec plusieurs adversaires comme s’il y avait un seul adversaire ». On apprend à regarder « pointu » sur un endroit très précis ou bien à « regarder large » en essayant d’avoir une vision « périphérique », qui donne une globalité de l’action. Mais on ne se fie pas seulement au regard, bien entendu : dans la pratique, on apprend à « cacher », à rendre des postures qui dissimulent la place des jambes, des gardes qui masquent la longueur de la lame. À d’autres moments, on va cacher l’arme, lancer des leurres : c’est la main qui part, et non la lame du sabre… Et puis aussi, on travaille « sans voir » en se fiant aux informations données par la saisie, par l’équilibre du corps du partenaire : proprioception… On travaille même « dans le dos », à l’aveugle. Une bonne partie des saisies de l’aïkido venant des techniques de menottages de la police japonaise, on apprend donc à se défaire de prises à l’arrière du corps… Bien entendu, le regard n’est pas toute la pratique, mais il va en constituer une bonne partie. Peu à peu, je vais grâce à lui passer des étapes dans ma compréhension de l’art et de ses principes… Puis limiter son importance pour me fier à d’autres perceptions…

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